Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon
Affichage des articles dont le libellé est sonatine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est sonatine. Afficher tous les articles

7 oct. 2013

La chance sourit à ceux qu'elle veut.


  Texas, 1964. Après l’assassinat de leur mère, Elliott et Clarence ont passé le plus clair de leur adolescence dans des maisons de correction et autres établissements pénitentiaires pour mineurs. Le jour où Earl Sheridan, un psychopathe de la pire espèce, les prend en otage pour échapper à la prison et à la condamnation à mort, les deux adolescents se retrouvent embarqués dans un périple douloureux et meurtrier. Alors que Sheridan sème la terreur dans les petites villes américaines bien tranquilles qui jalonnent leur route, une sanglante et terrible partie se met en place entre les trois protagonistes. Loin de se douter de la complexité de celle-ci, les policiers, lancés à leurs trousses, et en particulier l’inspecteur Cassidy, ne sont pas au bout de leurs surprises.



   Après tout ce que nous a déjà servi R.J. Ellory dans ses précédents romans, autant dire que les nouveaux seront toujours très attendus (un peu comme Noël, les soldes, le dernier album de Daft Punk/Mylène Farmer, rayez la mention inutile ou remplacez par la votre). Et quoi qu’on en dise dans notre société actuelle qui veut tout, toujours plus vite et maintenant, en littérature (et certainement ailleurs sans doute), l’attente est la première étape du plaisir de lecture (un peu comme des préliminaires, oui). 


«A environ vingt-cinq ans, Carole Kempner avait fréquenté assez d’hommes pour ne plus connaître autre chose que la déception.»


   Avec Ellory, de déception, il n’y en a point eu. C’est simple, c’est maîtrisé, c’est plié. Et dès le premier chapitre, il annonce la couleur : du noir, 100% et pour amener tout ça, une bonne dose de misère humaine en terreau. Ça vous donne deux frères apparemment inséparables qui depuis leur naissance se débattent contre une poisse indécrottable qui les fait toujours se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Alors quand on commence dans la vie avec des casseroles comme celles qu’ils se traînent, il faut une volonté en béton pour continuer d’avancer mais surtout pour pouvoir faire les bons choix. Et puisque la vie, ce n’est pas le destin mais ce qu’on en fait (enfin si l’on en croit Sarah Connor), tout ne se réduit-il qu’à une simple question de choix? 


«Elle avait un jour entendu ce vieux dicton : «Une coïncidence, c’est quand Dieu souhaite rester anonyme.» Peut-être que ça marchait aussi avec le diable.»


   Encore une fois, Ellory pose sur son récit une écriture en apparence froide et distanciée mais qui en fait, ne nous épargne rien de la réalité ni de la brutalité de tels évènements. Car il ne se contente pas de nous décrire par le menu le parcours sanglant des personnages. D’un côté, il nous fait entrer dans la tête du trio de personnages principaux, en nous faisant suivre le cheminement de leurs pensées, l’évolution de leur caractère qui les amènent vers ces choix, bon ou mauvais; de l’autre, il décrypte la vie de ceux qui seront amenés à croiser leur chemin et à en devenir les victimes.


   Par ce procédé, Ellory réduit la distance que l’on voudrait toujours maintenir avec les personnages de tueur (réels ou de fiction), une distance en quelque sorte salvatrice lorsqu’on les appelle monstres ou fous, simplement pour les mettre à part de nous-mêmes, genre c’est pas pareil parce que c’est différent. Ellory sort aussi la victime de cette étiquette de victime, quelque peu anonyme et interchangeable. La victime redevient ainsi une personne à part entière avec son identité et toute son histoire passée et à venir, cette histoire qui sera coupée en pleine ascension. 


   Avec Mauvaise Etoile, R.J. Ellory revient aux sources du roman noir en toute simplicité mais avec une réelle efficacité. Parfois oppressant, le récit est construit dans un crescendo parfait qui nous entraîne vers une fin que l’on pense inéluctable. Et on a beau connaître la recette, on a beau avoir déjà goûté à de nombreuses reprises de ce plat, quand il est préparé par un grand chef étoilé, on prend toujours un plaisir sans fin à le déguster.


   Pour conclure, que dire d’autre sinon qu’en matière de roman noir, il y a ceux qui essaient et il y a ceux qui maîtrisent. A bon entendeur.




CITRIQ

26 août 2012

Si le moine faisait ses habits, les vaches seraient mieux gardées à midi devant leur porte . . . ou un truc comme ça.








  En apparence, Nick et Amy forment un petit couple bien sympa, bien comme il faut et un peu comme tout le monde, avec ses hauts et ses bas. Mais lorsque Nick rentre chez lui pour trouver le salon complètement retourné et sa femme disparue, force est de constater que quelque chose ne va pas.


  Alors que la police commence à enquêter, Nick nous raconte sa version de l’histoire au jour le jour tandis qu’en parallèle, on suit le récit de leur vie à travers le journal intime d’Amy pour découvrir l’envers du décor du parfait petit couple...
... du moins, en apparence.


  L’éditeur nous prévient tout de suite en quatrième de couverture. «Il serait criminel d’en dévoiler davantage» et, je suis bien d’accord. Alors que dire pour vous donner envie de vous précipiter sur cet excellent polar en dehors de «c’est génial, lisez-le»?


  Et bien d’abord, sachez que... c’est génial, lisez-le!!!!


  Ensuite, Les apparences est un livre qui se dévore et qui repose sur la surprise. Ecrit comme une spirale, plus vous avancez, moins vous voyez venir la chute. Avec un effet crescendo d’étonnement, vous apprendrez à connaître ces personnages qui se dévoileront au fur et à mesure de l’histoire. Reposant sur un thème pourtant déjà utilisé de nombreuses fois (Jusqu’où sommes-nous sûr de connaître la personne qui partage notre vie?), l’intrigue est construite de main de maître par Gillian Flynn qui parvient à renouveler le genre en vous surprenant à chaque changement de narrateur. Chaque fois que vous penserez avoir compris, la page suivante vous détrompera. 


  Dès les premières lignes, Gillian Flynn pose La question. Celle qui inévitablement passe dans la tête de tout amoureux. "A quoi penses-tu?" Qui ne s’est pas poser cette question au sujet de son conjoint? Qui ne voudrait pas savoir ce qui se passe dans la tête de la personne qu’on aime, qui partage notre vie? 


  Mais Gillian Flynn s’immisce également dans la relation du lecteur au personnage. Si vous cherchez un héros, passez votre chemin. Il n’y en a pas, du moins pas au sens héroïque du terme. Il n’y a que des personnages. Avec une écriture parfaite de précision, elle frappe là où ça fait mal, les construit comme elle a construit son intrigue, avec minutie et sans nous laisser aucune chance de croire qu’on les a décryptés. 



  Une fois plongé dans Les apparences, vous ne contrôlerez plus rien. Oubliez même l’idée d’aller dormir car vous n’aurez plus envie d’autre chose que de savoir la fin.



 Enfin, dernier argument : c’est génial, lisez-le!!!!


  Une chose est sûre : c’est l'image de la vie de couple qui va en prendre un coup!


  Alors pour conclure, je vous conseillerai d’offrir ce livre :
à tous ceux qui ont une vision idyllique de la vie de couple
à ceux qui vont bientôt se marier
à ceux qui sont déjà mariés
aux célibataires et heureux de l’être
aux célibataires qui se morfondent en se demandant mais qu’est-ce qui m’échappe?
aux hommes qui confondent leur femme avec leur mère
aux femmes qui pensent que le plus gros travail est de se faire passer la bague au doigt et qu’après c’est les vacances!
aux femmes qui pensent qu’un bon mari est un mari obéissant
à toutes les hommes qui pensent que la femme est une petite créature sans défense
à toutes les femmes qui pensent qu’elles ne sont rien sans un mari
à toutes les femmes qui pensent que leur mari n’est rien sans elle
à tous les autres
et surtout, à tous ceux qui se foutent royalement du mariage ou de la vie de couple et qui aiment se faire trimballer par un bon roman qui mérite amplement sa pastille triple J : Jubilatoire, Juste Jénialissime! Et ça, ce n’est pas qu’en apparence!


  Et avec ça vous prendrez bien une petite bande annonce :




Bande-annonce "Les Apparences" de Gillian Flynn par sonatine-editions



CITRIQ