Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

4 avr. 2012

Le bonheur est dans le Néant.


  Chef-d'oeuvre: oeuvre majeure, parfaite dans son genre.



  Ce jour-là, Bracken serait bien resté sous sa couette. Mais un coup de fil va le tirer de son marasme et de ses nuits sans rêve. Dans l’école où il enseignait avant d’élire domicile sous ladite couette, Elliot, le concierge autiste et ami de Bracken, a disparu, volatilisé d’une pièce sans fenêtre et fermée de l’intérieur. Moufles aux mains, tortues sous le bras, Bracken devra partir à sa recherche.

  Il en va d’Elliot du Néant comme des rêves. On y entre lentement sans savoir ce qui nous attend et on en sort difficilement mais surtout à regret.

  Si on se dit souvent qu’un roman peut être fait pour soi, concernant Elliot du Néant (et cela pourra paraître prétentieux mais j’ose!), ce serait à envisager dans le sens inverse. Etes-vous fait pour ce roman?

  Car autant le dire tout de suite : non, ce n’est pas un roman qui plaira à tout le monde. Elliot du Néant ne fera que confirmer la réputation de David Calvo qui est celle d’un auteur parfois difficile à suivre. En effet, David Calvo ne nous facilite pas la tâche. Il va jusqu’au bout de son délire et advienne que pourra. Mais si vous acceptez de vous laisser embarquer par la poésie et la touche de folie d’Elliot du Néant, si vous acceptez de vous faire trimballer, ce roman pourrait bien alors devenir culte.

  Hypnotique, Elliot du Néant se lit comme les films de David Lynch se regardent. On a parfois l’impression de ne plus savoir où l’auteur nous emmène et on pourrait le relire indéfiniment pour trouver à certains passages un sens différent à chaque fois. Les évènements se succèdent comme dans les rêves, l’étrange ne surprend personne.

  On croisera une galerie de personnages tous plus délurés les uns que les autres, tel le proviseur Plouffe et son obsession de Mallarmé, le surveillant Fink et le professeur Cyldrid en conflit permanent au sujet des fées et de Dieu, les tortues et leur mémoire de 30 secondes, l’inaccessible Elliot, le morse Hinrik qui ne sait plus nager et le macareux Eigill qui ne sait plus voler, l’Islande et sa magie des anciens mythes et légendes et surtout l’omniprésence de Nik Kershaw et de sa chanson The Riddle. A la manière de la madeleine de Proust, vous ne pourrez plus jamais entendre cette chanson sans retomber dans le néant.

  Il y a quelque chose de notre imaginaire d’enfant dans la vision de Bracken, une touche de Lovecraft lorsqu’il est aspiré par la faille, un clin d’oeil à Alice au pays des merveilles quand il tombe dans le néant, le tout baigné dans une noirceur latente.

  Elliot du Néant fait partie de ces romans qui impriment une émotion sur le lecteur, comme une marque indélébile. Ses effets perdurent bien après la fin de la lecture et on se traîne alors une furieuse envie de se replonger dedans.

  Alors n’oubliez pas, plus que jamais, achetez La Volte, La Volte vous le rendra!

CITRIQ

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