Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

10 mars 2014

C'est l'histoire d'un mec . . .

  Dans les années 70, un dénommé Sixto Rodríguez sortit deux albums. Tous les ingrédients étaient là et pourtant, allez savoir pourquoi, rien. Que dalle. Aucune envolée. Sixto est rentré chez lui. Ça aurait pu s’arrêter là. Heureusement que non, ça aurait été dommage car en fait, son histoire ferait un bon bouquin, ou à défaut, un super documentaire.



  Pour tous ceux qui croient aux puissances de l’invisible, au hasard faisant bien les choses, ou même… au Destin, ce documentaire est pour vous. Pour tous les autres, amateurs de bonnes histoires sous toutes leurs formes, Sugar Man est aussi pour vous.


  Comment expliquer le parcours de Rodríguez? Aux Etats-Unis, il sort deux albums qui auraient dû marcher, et alors que c’est l’inertie dans son pays et qu’il disparaît des radars pour retourner à l’anonymat (pendant qu’un mythe urbain morbide s’écrit tout seul autour de cette disparition), ses albums arrivent en Afrique du Sud et rencontrent là le succès qui aurait dû être le sien dans son propre pays. Mais le fait le plus incroyable, c’est que ce succès est advenu et a perduré sans même qu’il le sache! 


  En Afrique du Sud, c’est un peu la folie. Les ventes explosent et l’icône mania se développe autour de ce chanteur dont ils ne savent quasiment rien. Jusqu’à ce que deux passionnés décident de mener l’enquête pour en apprendre d’avantage sur ce chanteur dont on ne connaît que le nom et la photo sur une jaquette d’album. Après moult farfouillements, ils découvrent que non seulement Rodríguez n’est pas mort, mais qu’en plus, il vit toujours à Detroit, sa ville natale, qu’il travaille dans le bâtiment et qu’il n’a absolument aucune idée de son statut de l’autre côté de l’océan dans un pays où il n’a jamais foutu les pieds.


  Sugar Man est un documentaire passionnant autour de cette recherche et de ce que peuvent accomplir deux individus quand ils sont menés par une passion commune, mais aussi sur le personnage de Rodríguez, touchant d’humilité et de simplicité. Aucun regret ne semble l’effleurer lorsqu’on lui parle de toutes ces années où il a vécu une vie presque « ordinaire » alors qu’à des milliers de kilomètres de là, il était une vraie star. Sans compter l’argent de ces ventes jamais arrivé jusqu’à lui. Loin d’être un « looser », c’est un homme simple, un artiste honnête, satisfait du boulot accompli sur ses deux albums, le reste faisant partie pour lui des aléas de la vie et du milieu de la musique. Ça ne l’empêchera pas d’aller faire coucou aux sud-africains qui le recevront avec une sorte de joie extatique. Un documentaire et surtout un artiste à découvrir (ou à re-découvrir) à travers une superbe bande son.



P.S : un merci à ma cousine perdue retrouvée pour avoir attirer mon attention sur ce film vers lequel je ne serais pas forcément allée naturellement.

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