Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

19 juin 2014

The Tour is out there.



   Par une superbe nuit d’orage, dans un parc londonien, Myfanwy Thomas, en plus d’avoir un prénom comptant triple au scrabble, reprend conscience sous une pluie battante. Autour d’elle, les corps sans vie de mystérieux individus. Dans sa tête, le vide absolu à la place de sa mémoire. Et dans ses poches, une lettre adressée à « Toi ». Elle y apprend qu’elle fait partie d’une organisation secrète (la Checquy)(...non, aucun lien, fils unique) ayant pour but de défendre la Grande Bretagne et de trouver des êtres dotés de pouvoirs quelque peu surnaturels (comme elle), qu’un traître au sein de cette organisation est responsable de sa vidange mémorielle et que son ancienne « elle » sachant l’inexorabilité de cet évènement mais ignorant l’identité dudit traître, lui a préparé le terrain. Voilà Myfanwy devant un choix : disparaître pour refaire sa vie très loin ou reprendre son rôle au sein de la Checquy, trouver le traître, faire la compta, déjouer un complot, sauver la nation et peut-être, si elle a le temps, boire un café.



   Imaginez que Harry Potter ait une soeur qui, après avoir fini la fac, soit recrutée par le MI5, fasse ses classes avec Fox Mulder et surtout, qu’elle ait hérité de l’humour de Buffy contre les vampires... 

« Tour Thomas, ce Serviteur parle au téléphone en nous regardant. » Myfanwy hocha la tête. « Vous voulez qu’on le tue? » Elle dévisagea la garde du corps. « Je prends ça pour un non. »

...alors vous aurez une petite idée de ce que peut être l’ambiance de The Rook de Daniel O’Malley : un concentré de vitamine dans un scenario habilement construit pour ne laisser aucun temps mort, une ambiance surnaturelle juste ce qu’il faut pour ne pas complètement effrayer les amateurs de « ouais mais ça existe pas…en vrai » et donc cet humour décalé, comme je les aime. 


   Le personnage principal, Myfanwy (prénom gallois et pour ceux qui veulent dormir moins bête ou moins triste, tapez Myfanwy sur un moteur de recherche, on trouve des choses intéressantes!), est absolument géniale, tellement attachante qu’on a juste une envie : être elle (ouais même si vous êtes un homme vous aurez envie d’être elle, faites gaffe) ou au pire qu’elle devienne notre meilleure copine (ouais même si vous êtes un homme vous aurez envie d’être sa meilleure copine, faites gaffe). Pourtant c’était pas gagné. Sachant le livre écrit par un homme (et on sait que beaucoup d’écrivains hommes ratent leurs personnages féminins) j’ai craint le bon gros cliché. Daniel O’Malley évite le pire qui aurait consisté à faire de son héroïne une bombasse au charisme et aux talents LaraCroftiens. Au contraire, il en fait justement une petite femme ordinaire (en dehors de ses capacités surnaturelles qu’elle maîtrise très mal d’ailleurs), ni belle ni moche, avec un sens de la répartie top niveau …

« -C’est l’heure de votre dîner avec Lady Farrier.
-Ah! merde, soupira-t-elle avant de remarquer l’expression choquée de Clovis. Je veux dire, ah! très bien, ça va être exquis. »

…et qui va apprendre à s’imposer en marchant sur quelques pieds au passage (et quelques tentacules aussi par la même occasion. C'est vrai, que serait un roman fantastique sans une belle paire de tentacules?)


   Les clichés, l’auteur va joyeusement jouer avec à travers ses personnages secondaires : l’assistante très Moneypenny doublée de Miss Pennywinkle, la lady très british coincée à souhait, un méchant complètement frappé du bulbe, des gros bras très « gros bras », il y a même un dragon et un vampire qui passent rapidement faire coucou.


   Mais ce qui fait que ce roman fonctionne si bien, c’est vraiment cet humour constant qui évite cependant l’écueil de ralentir le récit en laissant le déroulé de l’histoire sur le bord de la route. Au contraire, ici, l’humour rythme le récit arrivant toujours à point nommé et donne en plus de superbes répliques. 

« Je viens d’être informée que les Américains arrivaient.
-Tous ensemble? »


   On ne s’ennuie pas un seul instant dans The Rook. Même si Daniel O’Malley fait du facile, son monde est bien construit, développé et cohérent, son histoire bien ficelée et il évite tous les pièges du trop facile avec dextérité. Mais surtout (et c’est ce qui m’a fait penser à Buffy contre les vampires), il ne se prend jamais au sérieux. C’est ce qui rend The Rook si génial. Une suite serait en préparation. En ce qui me concerne, je l’attends avec une impatience grandissante.


The Rook se révèle donc être non seulement une lecture divertissante mais en plus, il vous file la pêche! Ça ne prétend pas à autre chose, alors, que demander de plus?

« Tour Thomas, vous avez quelque chose de changé.
-Eh bien, je me suis fait péter la gueule il y a peu.
-Ah! ça doit être ça. »


P.S : oui je sais, mes titres de post sont de pire en pire mais que cela vous rassure, ça ne va pas aller en s’arrangeant.




CITRIQ

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