... Non, il ne sera aucunement question d’une activité nécessitant une reptation verticale ainsi que de bonnes rotules! Non, non, non, pas de ça chez moi monsieur!... Mais sinon...euh... votre femme, des nouvelles?
Oskar est un enfant solitaire, souffre douleur de trois crétins de sa classe et accessoirement fasciné par les assassins. Lorsque Eli vient emménager dans l’appartement à côté du sien, la solitude de Oskar semble trouver son alter ego. Mais Eli a de bonnes raisons de vouloir être seule. Car Eli a un secret.
Au delà de revisiter le thème du vampire, Laisse-moi entrer est avant tout un roman qui aborde de multiples thèmes comme l’obsession de la mort, la misère sociale et la solitude, autour d’un axe central, la troublante histoire d’amitié/amour entre deux adolescents.
Si au début Eli est le personnage le plus mystérieux, Oskar se révélera être le plus perturbant. Lorsqu’il est la tête de turc de son école, on ne peut que ressentir de la compassion pour lui. Mais son rapport à la mort est dès le début inquiétant jusqu’à virer parfois au malsain. Et pourtant, il reste attachant et toujours émouvant.
L’écriture de Lindqvist est brute de décoffrage à l’image de celle de beaucoup de nordiques. Il n’y a que l’essentiel. Même les dialogues sont épurés ce qui contribue à créer une ambiance qui de froide va devenir étouffante.
Lindqvist a eu l’intelligence de ne pas écrire un énième roman de vampire mais un roman sur les relations qui peuvent se tisser entre les gens, avec dedans, ce que l’on devine être un vampire.
Pour la petite anecdote, Lindqvist s’est inspiré du titre d’une chanson : Let the Right One Slip In de Morrissey.
Laisse-moi entrer a bénéficié de deux adaptations cinématographiques. L’une à laquelle l’auteur a lui-même participé : Morse réalisé par Tomas Alfredson.
L’autre, une espèce de remake hollywoodien comme ils savent si mal le faire quand ils trouvent un film bien : Laisse-moi entrer réalisé par Matt Reeves.
Morse est tout simplement magnifique pour tous ceux qui aiment les films d’ambiance. La contribution de l’auteur au scénario y est sans doute pour beaucoup car Morse reprend la substance même du livre. L’ambiance est à l’égale de celle du livre, oppressante.
Tout est dans la sobriété. Là où la version hollywoodienne surjoue le côté film d’horreur avec voix de monstre, sursaut de musique à faire péter le pacemaker et étalage de viande, dans Morse, le seul regard de Lina Leandersson suffit à vous glacer et le bruit lorsqu’elle se nourrit à vous filer la nausée.
Quant aux deux acteurs principaux, ils sont tout simplement magistraux. Oskar a ce côté complètement distant et parfois déconnecté de ses propres émotions. Et Eli est le symbole même de l’androgynie.
Laisse-moi entrer enlève à Morse tout ce qui en faisait l’intérêt. Oubliée l’androgynie de Abby/Eli, oublié le côté malsain d’Owen/Oskar, oublié le rapport à la sexualité.
Laisse-moi entrer se retrouve n’être finalement majoritairement qu’un copier-coller des scènes de Morse pour un résultat médiocre. L’actrice est fade et l’acteur s’il n’est pas complètement mauvais a tendance à surjouer.
Ce film inutile et parfaitement oubliable n’aura qu’un seul intérêt : ah ouais! Il neige au Nouveau-Mexique!
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