Jake Marlowe est le dernier de sa race. C’est-à-dire les loup-garous. Et le roi des chasseurs ambitionne d’en finir une bonne fois pour toute avec lui, et donc avec les loup-garous, tout le monde suit jusque là? Cela aurait pu être une bonne nouvelle pour Jake qui, désabusé et fatigué de la vie, se pose des questions existentielles comme «pourquoi continuer à vivre quand on s’emmerde?». Et pourtant, c’est toujours quand l’échéance arrive à son terme qu’on se dit que après tout, peut-être, pourquoi pas...
Sur le papier, Le Dernier Loup-garou de Glen Duncan sonnait plutôt bien à mon oreille. Belle couverture, sujet intéressant, auteur prometteur, maison d’édition géniale. Puis, je me suis fait une petite frayeur en lisant la quatrième de couv’ qui finit sur une touche (une tâche?!) «guimauvesque» :
Mais pour le vieux loup-garou suicidaire et blasé, rien ne va se dérouler comme prévu.
Par définition, l’amour est imprévisible.
Comme dirait ma grand-mère, y a comme une couille dans le pâté! Ça commençait pourtant plutôt bien! Mais bon, en bonne libraire qui se respecte, je sais parfaitement que les quatrièmes, c’est plus ce que c’était ma brave dame! Très souvent, elles n’ont même rien à voir avec le contenu du livre. Mais bon quand même, Denoël! Gilles Dumay! Toutefois, je suis passée outre et me suis dit que c’était peut-être bien moi qui devenais difficile! (Ou chiante, ce qui n’est franchement pas à exclure!)
Dès la première partie, Glen Duncan nous plonge directement dans l’intrigue. Pas de préambule, pas de gna-gna-gna supers chiants pour nous expliquer ce qu’on sait déjà (genre je suis allé piocher la définition du loup-garou sur wikipédia et je la recopie ni vu ni connu). La première phrase fonctionne à merveille et accroche immédiatement. Puis, on apprend comment Jake est devenu loup-garou et quels sont les enjeux de sa position de dernier de sa race; on suit la psyché du loup-garou, loin du stéréotype de la bête malheureuse et de l’humain tourmenté par ce qu’il soupçonne avoir fait sous la forme du loup.
Car, Jake nous explique qu’il se souvient de tout. Il n’y a aucune dichotomie de l’esprit humain/loup et il tire un plaisir ambigu dans l’acte de dévorer ses victimes. Il nous parle de la faim qui l’obsède à l’approche d’une pleine lune, de ses tentatives pour se passer de viande humaine, de la torture qui en résulta et par conséquence, de son acceptation de sa part monstrueuse, de ses appétits sexuels débridés, de l’ennui qui peut s’installer après 150 ans de vie, et de la solitude. Le personnage de Jake nous apparait alors suffisamment controversé pour qu’on se demande si on va l’apprécier ou le détester.
L’écriture est chiadée, parfois trop mais jamais au point de nous lasser car au moment où cela pourrait arriver, il nous colle le petit rebondissement qui va bien.
Forcément, on bascule avec envie dans la deuxième partie. Et c’est là que ça commence à partir en sucette! L’intrigue continue pourtant à être intéressante (Que va-t-il décider? Qu’est-ce donc que ce manuscrit introuvable mais trouvé? Mais qui est donc ornicar?...) mais régulièrement parasitée par les pensées et les états d’âme de Jake.
Vous allez me dire que c’est ce que j’avais apprécié dans la première partie. Certes, et d’ailleurs, dans cette deuxième partie, ça aurait pu continuer à être prenant si ce n’était pas qu’une répétition en boucle de ce qu’il nous a déjà dit dans la première partie. Non parce que là, on avait déjà compris que les loup-garous ont une sexualité débordante! Régulièrement, Jake nous dit et nous redit qu’il a une érection. Ben tant mieux mon gars, j’suis super contente pour toi, mais sinon...? Pour ceux qui en doutaient encore, c’est confirmé, les canidés aiment jouer avec leur queue!
Alors à ce moment-là de ma lecture, je me suis remise en cause. Je me suis dit que, peut-être, comme je suis une fille, certaines des considérations de Jake ne me parlaient pas et donc, au bout d’un moment me gonflaient. Alors, j’ai tenu bon. J’ai passé outre pour pouvoir poursuivre le récit. Jusqu’à ce qu’arrive la rencontre... et donc, la dernière partie.
Et là, je dois dire que j’en suis restée comme deux ronds de flan! Parce qu’évidemment, The rencontre va se produire et la scène! «Mon dieu!» comme disait Edith! Comme un cheveu sur la soupe! Ou un poil pubien dans mon Glenlivet pour rester dans le ton!
Sur un quai de gare! Ils se croisent et manquent de S’EVANOUIR sous le choc de la révélation SUR UN QUAI DE GARE!!!!! J’ai cru pendant deux secondes qu’on m’avait fait une blague et changé mon livre pour un Marc Lévy pendant ma sieste mais non, même personnage, c’est bien le bon bouquin.
Et après, et ben que dire... c’est de mal en pis! Bon, Jake est content parce qu’il a trouvé quelqu’un comme lui pour jouer avec ses érections intempestives. Il faut reconnaître que c’est vrai que c’est toujours mieux comme ça. Mais bon, sérieux, il devient limite con! Et disparu le côté monstrueux, cynique, voire méchant.
Heureusement, la fin m’a un peu rassurée même si j’ai trouvé le dénouement bâclé et quand même un chouïa cousu de fil blanc.
Alors je n’ai pas pour habitude de critiquer un livre juste pour le critiquer et Kiki43 et moi même avons pris le parti de ne pas parler d’un livre qu’on n’aurait pas aimé. Mais là, ce n’est pas que je n’ai pas aimé, c’est que je suis déçue! Oui j’en attendais beaucoup, un sujet comme ça traité par un auteur comme ça... J’espérais du sombre, du glauque, du monstrueux, du sexe (et non, les circonvolutions d’un homme sur son pénis n’équivaut pas à une scène de sexe à mon goût désolée!). Le pire étant certainement que Le Dernier Loup-garou commence extrêmement bien... pour finir un peu à côté de la plaque.
Et je me dis que, peut-être, je suis passée à côté, peut-être que ce n’était pas le moment pour ce livre (même si j’en doute) et après avoir lu d’autres avis pour ce roman, je me dis que peut-être, à ma grande déception, ce livre n’était pas pour moi. C’est pourquoi je l’ai soumis à la lecture de Kiki43 et nous verrons bien si les voltés anonymes sont toujours sur la même longueur d’onde ou si dysfonctionnement il y a. Le Dernier Loup-garou ouvrant apparemment une trilogie, je lirai tout de même sa suite, pour voir si la barre est redressée (non, pas cette barre-là Mr Duncan!)
N’empêche que là, je suis déçue! DÉ-ÇUE! Et puisque c’est comme ça, ben j’vais aller bouder!
Pour différents avis sur Le Dernier Loup-garou, vous pouvez aussi, avec joie et délectation, aller sur le blog de Denoël Lunes d'encre.
Le côté "j'ai des érections toutes les deux secondes qu'il me faut vous rapporter absolument" m'avait aussi énervée (mais bon, je suis aussi une fille...)(est-ce que ça joue vraiment tu penses?), mais plus encore le fait que ce bad boy assumé et sans concessions se transforme lui aussi en parfait amant amourachée jusqu'aux racines (comme dans toute bit-lit qui se respecte en fait)(et c'est justement le problème). Par contre, j'ai trouvé que ça se laissait lire tout seul, du coup j'en suis sortie moins déçue que toi, même si j'ai été agacée par (exactement) les mêmes choses que toi.
RépondreSupprimeralors, justement je me suis demandé si c'était un texte très "masculin" et c'est pour ça que Kiki43 est en train de le lire pour voir ce que ça donne sur lui! Mais après lecture d'autres avis, dont celui de filles, je pense que ce n'est pas ça. Encore une fois, je ne pense pas que ce texte soit mauvais mais vraiment que j'en attendais trop d'où déception. Et oui, le côté "love love" m'a surprise et gonflée. En plus, je ne voyais pas Gilles Dumay flasher sur ce genre de texte pour la collection lunes d'encre. J'y ai vu un gros décalage. Tout cela cumulé fait que...
SupprimerMais j'attends la suite avec d'autant plus d'impatience que je veux voir si Duncan garde cette ligne directrice.