Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

23 avr. 2013

Nicolas Eymerich ou le SAV céleste.





En 1362, Nicolas Eymerich est bien contrarié : il n’est plus l’inquisiteur du royaume d’Aragon et pour avoir une chance de retrouver sa charge, il se voit contraint d’accepter une mission en territoire occupé par les anglais. Deux inquisiteurs retrouvés assassinés, une ville sous l’emprise d’un maléfice, un manuscrit mystérieux et des insectes volants par milliers, il n’en fallait pas plus pour titiller l’âme fouineuse de Nicolas. Chassez le naturel...


  Et pendant ce temps-là, tandis qu’en 2068 le Vortex contrôle les rêves et l’imaginaire de l’humanité, au début du XVe siècle, Jeanne d’Arc entend toujours des voix, veut toujours bouter les anglais hors de France mais ... est-ce bien dieu qui guide ses pas?


  Oyé, oyé! Nicolas Eymerich est de retour et vous entraîne dans une nouvelle aventure dans ce moyen-âge où les hommes ne connaissent ni la douche ni les caleçons visiblement mais où le vin se boit chaud, bref, une belle époque quoi!


  Nicolas se révélera à la hauteur de sa réputation : obnubilé par la vérité (souvent sa vérité), aigri, odieux, sadique (il n’hésite pas à balancer un moine par dessus un parapet juste pour mesurer la profondeur d’un précipice!), bref, notre Nicolas Eymerich préféré quoi!


  Le personnage de Jeanne d’Arc est très loin de l’image héroïco-héroïque des leçons d’école ou de celle Luc Bessonesque du cinéma. Associée au personnage trouble de Gilles de Rais, on obtient un duo à l’ambiguité savoureuse. 


  Quant à l’époque futuriste, on retrouve l’Euroforce et la RACHE, précédemment croisées dans les autres aventures de Nicolas Eymerich, avec un clin d’oeil à Usual Suspect et l’idée d’un logiciel permettant le contrôle de l’imaginaire humain, bref, de super ingrédients quoi!


  Alors pourquoi ne suis-je pas plus emballée que cela? Si Mater Terribilis commence sur les chapeaux de roues, je dois avouer qu’arrivée au milieu, je ne saurais dire qui du roman ou de moi s’est essoufflé en premier. 


  L’enquête de Nicolas se rallonge de scènes dont je n’ai pas compris l’utilité et qui du coup, ont considérablement ralentit mon rythme de lecture sans rien apporter au déroulement de l’histoire. Certes, l’ambiance y est toujours bien retranscrite, l’écriture de Evangelisti toujours aussi agréable mais malheureusement, cela ne suffit pas pour éviter de se poser la question : «mais on va où là?»!


  La période de Jeanne d’Arc m’a fait le même effet : démarrage en trombe puis impression de déjà-vu (les scènes de bataille entre Jeanne et les anglais se suivent et se ressemblent ce qui inévitablement m’amène à me demander s’il était indispensable de toutes les inclure dans le récit) et comble de ma surprise, une sous-exploitation du potentiel du personnage de Jeanne pourtant comme je l’ai déjà dit, trouble à souhait.


  L’arrivée de la résolution de l’énigme se fait attendre car Valério Evangelisti se lance alors dans une théorie beaucoup trop alambiquée et qui m’a complètement perdue avant de me laisser sur ma faim. 


  Alors, ce n’est pas que Mater Terribilis est mauvais, c’est juste qu’il est raté et au vu du potentiel qu’il détenait au début, je suis forcément quelque peu déçue! Pas au point d’abandonner la série des Nicolas Eymerich, série définitivement d’un très bon niveau général, mais si vous n’en avez encore jamais lu, je ne vous conseillerai pas de commencer par celui-là. 


  Une question m’est toutefois venue à l’esprit : celle du contexte entourant ma lecture de Mater Terribilis. Le fait d’avoir appris en plein milieu de cette lecture qu’un gougnafier incapable de faire la différence entre un Marc Lévy et un Hemingway, pour qui les termes «petites maisons d’éditions» constituent le summum de la vulgarité, le fait donc que ce gougnafier annonce qu’il comptait fermer la librairie pour laquelle je travaille depuis 10 ans, aurait-il perturbé ma concentration et donc ma compréhension de ce roman? C’est peut-être le cas ou pas, je ne pourrai en être sûre que le jour où je relirai Mater Terribilis.


  Cependant, comme il est hors de question de finir sur une note aussi négative, de deux choses l’une : 

 premièrement : si un jour les Voltés Anonymes ont l’occasion d’une vengeance mesquine sur ledit gougnafier, nous envisageons de lui lire des poèmes vogons tout en lui faisant écouter en boucle Papillons de lumière (cela dit, il serait capable d’aimer cela!).

 Deuxièmement, la situation actuelle ne nous empêche pas d’apprécier à sa juste valeur la nomination des éditions La Volte pour un Prix spécial du jury aux Imaginales pour le travail accompli sur la série des Nicolas Eymerich de Valério Evangelisti.


  Et n’oubliez jamais, encore et toujours : achetez La Volte... un point c’est tout!

CITRIQ

2 commentaires:

  1. Je suis vraiment désolée d'apprendre les malheurs que ce gougnafier (qui mérite cent fois ces poèmes vogons) apporte.

    J'ai moi aussi décroché du roman, mais plus à la fin, je n'ai juste pas réussi à avaler la résolution et ses théories. Alors que le livre était en passe de devenir mon épisode préféré de la série, surtout grâce à la partie sur Jeanne d'Arc (qui n'est pas un personnage qui m'emballe en temps normal...). Et j'ai regretté que le futur ne soit pas plus développé, il avait l'air bien bottant.

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  2. J'ai lu ton article et suis quelque peu rassurée de voir que grosso modo, nous avons eu la même impression! Cela me rassure sur l'idée d'avoir pu complètement rater quelque chose. Mais cela n'exemptera pas le gougnafier des poèmes vogons!

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