Vous l’avez attendu à vous en faire claquer les neurones de la patience (si si, on vous a vu errant comme une âme en peine vêtu de votre tee-shirt préféré « She will be back… too»), et bien… … AYÉ!!!! Enfin, le Lisa Tuttle nouveau est arrivé et croyez-moi ou pas (enfin c’est pas la peine de venir ici si c’est pour pas me croire!), c’est pas un goût de framboise-banane qu’il a mais bien le goût du 100% AOC Tuttle, autrement dit le goût du fantastique, le goût de l’angoisse, le goût de l’onirisme, bref! en un mot comme en cent ou même en deux : Quel Talent!
Et c’est bien évidemment les éditions Dystopia, qui avaient déjà jadis-y-a-peu-de-temps lancé la pierre dans la marre avec Ainsi Naissent les Fantômes, qui s’y recollent avec cette fois-ci aux commandes de la traduction et de la présentation Nathalie Serval (souvenez-vous dans le premier c’était Mélanie Fazi) pour 14 nouvelles à découvrir ou re-découvrir, mais en tout cas à lire, c’est un ordre.
Pourquoi? me demanderez-vous. Et bien, première raison : parce que, ce qui en soit constitue toujours un argument de choc.
Deuxième raison : Lisa Tuttle, ce qui en soit est également un argument de choc, doublement plus efficace que le précédent.
Troisième raison : je suis persuadée que quoique vous en disiez vous n’avez rien de plus intéressant à faire et cherchez bien parce que il n’y a quand même que peu de choses qui puissent se révéler plus intéressantes que lire Lisa Tuttle, là tout de suite.
Quatrième raison : parce que rien que l’objet livre donne envie de le toucher et donc, de le lire! Merci qui? Merci Stéphane Perger!
Cinquième raison : parce que Lisa Tuttle élève la nouvelle au rang d’art. Chaque nouvelle possède une architecture parfaite, invisible mais bien là, discrètement et élégamment masquée par une écriture au scalpel. Rien n’est en trop. Rien ne manque. Un équilibre idéal pour encore une fois se jouer de nos peurs et de nos frustrations, celles qu’on s’impose ou qui nous sont imposées. Lisa Tuttle les met en image, leur donne littéralement vie en les personnifiant.
Ces 14 nouvelles reflètent les thèmes chers à Lisa Tuttle déjà apparus dans Ainsi Naissent les Fantômes : la femme et donc la féminité et le féminisme, la maternité, la création, l’enfermement, la peur de la mort.
Les Chambres Inquiètes , c’est parfois du fantastique qui n’en a pas l’air comme dans Vol pour Byzance (particulièrement stressante, on se surprend à vouloir dire à l’héroïne « mais barre-toi de là!!) ou Une Amie en Détresse ; c’est parfois drôle de manière ubuesque comme dans En Pièces Détachées ou Propriété Commune ; c’est parfois poétique et triste comme Oiseaux de Lune ou L’Autre Chambre ; mais c’est toujours terrifiant parce qu’au-delà de l’aspect fantastique, Lisa Tuttle réveille toujours une peur primaire. Car, en entendant des bruits de raclement et de grignotement dans la maison le soir quand le calme s’impose, qui peut dire que ce n’est pas à Nid d’Insectes qu’il pense et à la possibilité de se faire bouffer? Qui a envie de redevenir cette fille banale menant une vie sans intérêt dans un bled paumé sans attrait, sans ambition, sans ami, sans rien qui puisse laisser une trace disant j’étais là? Qui, en regardant son enfant, n’a pas cette crainte de le voir disparaître? Qui n’a jamais rêvé (cauchemardé plutôt) se réveiller dans un endroit inconnu parmi des gens inconnus sans savoir et sans trouver comment rentrer chez soi?
Et voilà! Besoin d’autres raisons pour vous jeter sauvagement sur Les Chambres Inquiètes (et sur Ainsi Naissent les Fantômes si ce n’est pas déjà fait)?
Les Chambres Inquiètes c’est beau, c’est bon mangez-en! Achetez du Lisa Tuttle sinon… … vous le regretterez.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire