Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

15 mai 2014

Et pis c'est au Chili, ça tombe bien.



   Santiago, en plus d’être une ville, est un homme qui est un flic. Il aime plutôt ça, être flic. Ce qu’il n’aime pas en revanche, c’est avoir à tuer quelqu’un. Par contre, en plus d’être flic, ce qu’aime Santiago, l’homme, c’est suivre des femmes dans les rues de Santiago, la ville, comme ça, sous prétexte qu’il les trouve bien roulées, les femmes pas les rues. Ce qu’il n’aime pas en revanche, c’est que sa petite amie, qu’il aime et c’est lui qui le dit, apprenne qu’il suit d’autres femmes, voire plus si affinités. Ce qu’il va détester encore plus que tout le reste des choses qu’il n’aime pas, c’est que dans la même journée, il va tuer un gamin des gangs et se mettre à suivre une femme dans la rue, et ça, ça va quand même vraiment le foutre dans la merde cette histoire.


   Les Rues de Santiago c’est l’équivalent d’un café noir, bien serré, sans crème et surtout sans sucre, merci. Un petit polar urbain bien noir : petit parce 150 pages presque une novella, urbain parce que quasiment toutes les scènes d’accélération du récit se passent dans la rue.


   Les Rues de Santiago, c’est aussi un personnage principal pas tout à fait sympathique, pas tout à fait détestable non plus (quoique à certains moments…), et surtout pas tout à fait aussi clair et au dessus de tout soupçon qu’il aimerait l’être et nous le faire croire. Il se prend un peu pour un dur mais paraît parfois un peu con sur les bords, j’ignore si c’est voulu par l’auteur mais ça fonctionne. On a quand même envie de savoir comment il va se dépêtrer de tout ça voire s’il va s’en dépêtrer tout court. Pour entourer ce Santiago, il y a aussi des personnages secondaires, un peu glauques, un peu fouineurs, un peu fatal(e)s, et une intrigue basée sur la tromperie. Mais surtout, Les Rues de Santiago c’est une écriture sèche, cadencée, pleine d’un humour acide et grinçant, d’une efficacité redoutable pour ce genre de texte. Ce qui nous ferait presque regretter qu’il ne soit pas plus long… ou alors nous fera attendre avec impatience que l’auteur s’attaque à quelque chose de plus dense. Avec Grande Impatience. En attendant…


« "Votre nom est Santiago Quiñones?"
 On est mal partis, en plus d’être nain, il est débile, ce qui n’est jamais bon; il est toujours préférable d’être traqué par quelqu’un de futé. L’intelligence est prévisible, la stupidité te laisse désarmé parce que tu ne sais jamais ce qu’on peut te sortir. »



   Un petit plaisir donc, à ne surtout pas se refuser pour ceux qui apprécient le genre.



CITRIQ

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