Oui, je l’admets : mes titres sont de plus en plus foireux mais j’assume! Donc... attention, roulements de tambour...Je suis Février de Shane Jones. Le mieux aurait été d’en parler en février, je vous l’accorde mais j’ai passé un mois de février merdique (bon, le mois de mars ne s’annonce pas franchement meilleur!) et ajoutez à cela que j’ai un esprit de contradiction très développé!
Dans une ville sans nom et à une époque imprécise, l’hiver ne semble pas vouloir finir. Le soleil n’apparaît plus, la neige tombe continuellement et les habitants souffrent d’une profonde tristesse. Février serait responsable de cette dérive qui tourne au cauchemar quand les enfants commencent à disparaître, que l’air ne soutient plus les ailes, ni des engins, ni des oiseaux et que les prêtres clouent de mystérieux parchemins à travers la ville. Le groupe des Masques d’oiseaux décide alors de se rebeller et déclare la guerre à Février. Une guerre sans armes, pleine d’astuces et de psychologie.
Cool non?! On imagine trop bien cette quatrième lue par une belle voix de basse, style Féodor Atkine (vous savez la voix de docteur House et de Elrond!).
Une ville sans nom, une époque imprécise, il n’en fallait pas plus pour attirer mon attention sur ce livre, que dis-je, ce petit bijoux. Bijoux car l’objet est beau. Le livre même est enserré dans son petit écrin cartonné avec une jolie couverture et une quatrième qui donne envie. La crainte était donc que le texte ne soit pas à la hauteur de l’emballage. Et bien rassurez-vous, il n’en est rien. Vous n’avez donc aucune excuse.
Dans cette ville sans nom, en plus de voir l’hiver durer plus que de raison, des enfants disparaissent et l’esprit de révolte de certains habitants se réveille. Lorsque sa fille disparaît à son tour, Thaddeus devient par la force des choses le chef spirituel de la révolte contre Février, une révolte aux accents tantôt ubuesques (se promener dans la ville vêtu comme en été pour tromper Février) tantôt plus agressifs (lâché de boules de feu pour faire fondre la neige). Je ne vous en dis guère plus que la quatrième et c’est voulu car sinon je risquerai de trop vous gâcher les surprises qui surviennent à chaque page. Alors surprises pas au sens suspense du mot mais plutôt étonnement. Car si l’on devait définir Je suis Février, ce serait sûrement comme ça : étonnant (et beau, ça je l’ai déjà dit... et poétique, ça je vais le dire dans pas longtemps!)
Shane Jones nous offre un petit conte autour de l’hiver, mais pas un conte enfantin. Il possède indéniablement une touche de noirceur latente comme la description de la douleur d’un père à la disparition de son enfant ou encore certaines métaphores notamment celle sur la mort.
Malgré cette noirceur, Je suis Février ne perd jamais de sa poésie de part son mode narratif changeant, ses métaphores justement et son histoire émouvante et rocambolesque tout simplement. Shane Jones joue même sur la typographie allant jusqu’à réduire les caractères lorsque le personnage murmure. Je suis Février est donc fait d’imaginaire pur et dur. Alors, non ces choses ne se produisent pas dans la «Vraie Vie» (et parfois on se dit que c’est bien dommage!). Par conséquent si vous faites parti de ces gens capables de dire: «pfff ça existe pas ça!», bref si vous ne savez pas ouvrir vos chakras, votre troisième oeil, votre esprit, si vous n’avez jamais passé du temps allongé dans l’herbe à deviner la forme des nuages et leur inventer une histoire, passez votre chemin. Ou bien soyez audacieux, lisez Je suis Février et rejoignez-nous du côté «Mary Poppins» de la force!
Noir et poétique, Je suis Février est donc un petit plaisir à ne surtout pas bouder pour ceux qui aiment la petite magie des contes. A lire en toutes saisons.
Fini aujourd'hui et complétement d'accord avec Melicerte42. Une petite pépite poétique qui ne vous lâche pas après avoir lu sa dernière page. Je retranscris ci-après ce qui est, pour moi, le plus beau passage de l'auteur : "Je voulais t'écrire une histoire de magie. Je voulais des lapins qui sortent de chapeaux. Je voulais des ballons te hissant au ciel. En fin de compte ce n'était que de la tristesse, de la guerre, des coeurs brisés. Tu ne l'as jamais vu, mais j'ai un jardin à l'intérieur." Rien que de l'écrire, j'ai encore des frissons. Merci Shane Jones, merci Melicerte42.
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