Seulement dans des livres, comme vous dites. Seulement! Les livres ne peuvent jamais être seulement ; ils peuvent seulement être toujours.
Jeff Noon

10 mai 2013

On a tous besoin d'un prisonnier chez soi.





   Demain, les prisons seront privatisées. Demain, pour pouvoir finir vos fins de mois, vous serez obligés d’accueillir dans votre cave ou votre appentis, une cellule et son prisonnier. Un peu comme une chambre d’amis, mais sans amis dedans. Vous le ferez peut-être pour l’argent ou peut-être pire, pour le plaisir. 

   Tout cela sous l’égide d’une société toute puissante de téléphonie mobile, Phonemark, qui contrôlera et surveillera votre consommation car pour avoir le droit de rester dans le système, vous serez tenu à un quota minimum de sms.

   Demain, c’est Côté cour. Demain, c’est toujours un peu aujourd’hui.


   Pour ceux qui connaissent un peu les éditions Asphalte, et bien d’abord, ça veut dire que vous êtes curieux et donc forcément intéressant puisque quand on s’intéresse à quelque chose d’intéressant, on finit par l’être, intéressant, non? D’accord, passons.


   Ensuite, ça signifie que Leandro Avalos Blacha ne vous est peut-être pas totalement inconnu puisque déjà l’auteur de Berazachussetts, roman visiblement déjanté où l’on pouvait croiser zombies, fauteuils roulants et pingouins. Pour ma part, j’étais passée à côté de cette première publication mais ce qui est certain, c’est qu’après lecture de Côté cour, j’ai très envie de me pencher sur son cas. 


   Enfin, ça signifie que...euh... non, il n’y a pas de enfin. 


   Côté cour, c’est 5 histoires courtes reliées entre elles par le lieu et par les personnages qui la traversent, comme 5 morceaux d’un puzzle qui une fois assemblé, donne l’histoire d’un quartier. Leandro Avalos Blacha ne nous dépeint pas une galerie de personnages mais les traits de caractère d’une humanité poussée dans ses retranchements, dans ce qu’elle peut dévoiler de pire. Histoire d’amour manipulé, combats de détenus contre des animaux de toutes sortes, expérience scientifique étrange, aucun personnage ne semble être à la hauteur de son humanité à l’exception de certaines grand-mères, seules voix de discordance et parfois de résistance, si tant est que l’on puisse parler de résistance car l’acceptation de ce monde proche en esprit du 1984 de Orwell ne semble jamais être remise en cause.  Comme d’habitude, les gens sont plus prompts à se marcher dessus qu’à avancer ensemble.


   La maîtrise de ce roman repose autant sur ces personnages que sur l’écriture de Blacha, car littérairement parlant, c’est proche de la perfection. D’une brutale précision, le style est percutant, rythmé, sans aucune fioriture et chaque phrase touche directement au but. En quelques mots, le décor est planté. La petite touche de fantastique vient finir d’apporter la dose d’étrangeté qui poétise le tout. Et pour vous emballer tout ça, n’oubliez pas la petite marque de fabrique des éditions Asphalte : la bande son en rabat de la quatrième de couv’ et que vous pouvez écouter sur le blog de la maison d’édition, ICI.


   D’un texte si court (153 pages), il est difficile d’en parler plus sans trop en dévoiler. Je n'en dirai donc pas d'avantage si ce n’est deux choses certaines : la littérature argentine a de beaux jours devant elle et les éditions Asphalte m’intriguent chaque jour d’avantage et si ça continue comme ça, on n’est pas à l’abri de bientôt lire en haut de ce blog, les Voltés Anonymes amoureux de l’Asphalte.



CITRIQ

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire